L'insaisissable étrangeté
Anne-Françoise Couloumy
"Il
ne faut jamais éclaircir le mystère. De toute façon, un écrivain ne le
pourrait pas. Et même s'il cherche à l'éclaircir de manière méticuleuse,
il ne fait que le renforcer.
Patrick Modiano
N'ayez pas peur !
Je ne demande pas une dissertation en trois paragraphes sur la citation de Modiano !
Mais simplement d'écrire, à partir de la toile du jour, une histoire un peu, beaucoup, passionnément ...
ONIRIQUE, ETRANGE, MYSTÉRIEUSE...
Et le mystère s'épaissit... jusqu'à lundi !
Agnès n’avait que 10 ans quand elle entreprit son premier
grand voyage en compagnie de sa famille. Ils ont tout laissé, pris le train et traversé les
Alpes pour venir dans le sud de la France, ce pays inconnu dont ils ne
comprenaient même pas la langue. Ceux qui les y ont précédés, les invitaient à les rejoindre.
« Il y a du travail ici, disaient-ils »
( Ils avaient omis de dire
combien il allait falloir travailler dur pour avoir un repas à peine correct et
combien l’accueil des autochtones qui les traitaient de « macaronis »
et autres noms d’oiseaux ne serait pas toujours bienveillant.)
Agnès avait souvent regretté ses camarades, l’immeuble dans
lequel elle était née, bref les repères qu’elle avait dû quitter, elle avait eu
beaucoup de mal à s’habituer à sa nouvelle vie.
Elle avait toujours rêvé de revenir voir les lieux où elle avait passé
son enfance pour voir s’ils étaient aussi idylliques que le souvenir qu’elle en
avait gardé.
Aussi, est-ce avec joie et beaucoup d’appréhension qu’elle
faisait le voyage en sens inverse,
40 ans après, en compagnie de son mari.
Dans son village natal, son intense émotion grandissait au fur et à mesure
qu’elle approchait de « son »
quartier. Elle ne reconnaissait aucune des personnes qu’elle rencontrait, par
contre, les entendre parler lui remettait en mémoire les années vécues là.
L’accent chantant, l’intonation, étaient un vrai retour aux sources.
Et, « Il »
était toujours là, l’immeuble dans lequel elle avait vécu, sa façade était un
peu délabrée mais elle le retrouvait comme dans ses rêves.
Elle se permit
d’entrer.
Là, plus rien n’était pareil, la cage d’escalier avait été repeinte,
la couleur marron foncé des portes avait fait place à un joli bleu lavande, les
murs aussi avaient changé de couleur.
Seule, la rampe de l’escalier était intacte, Agnès y revoyait ses
frères glisser jusqu'au fond à califourchon pendant qu’avec ses sœurs
plus jeunes qu’elle, elle les regardait avec envie. Le grand silence qui
régnait là, la ramena à la réalité, rien à voir avec les cris et les rires
d’alors …
Sans le papier coincé dans l’embrasure de la porte, on
aurait pu croire l’endroit inhabité.
Curieuse, Agnès lut le petit mot
griffonné :
« SVP, ne frappez pas, mon bébé doit dormir jusqu’à 16
h ».
Quel changement ! sa mère n’aurait jamais écrit une
chose pareille, elle et sa fratrie avaient été bercés par les bruits familiers (les
femmes qui se parlaient d'une fenêtre à l'autre, le bruit des
casseroles, du hachoir pour préparer le pesto, des enfants qui
jouaient, etc) qui
n’avaient jamais empêché aucun d’eux de faire la sieste, bien au contraire.
Finalement, aurait-elle été plus heureuse si elle avait toujours vécu ici ?
Agnès remercia son mari de l'avoir accompagnée dans ce "pèlerinage", elle continuerait à garder un souvenir ému de son enfance là, mais, sa vie était ailleurs.
Agnès remercia son mari de l'avoir accompagnée dans ce "pèlerinage", elle continuerait à garder un souvenir ému de son enfance là, mais, sa vie était ailleurs.
...bonjour tanette....
RépondreSupprimerIntéressant voyage vers les sources d'une vie...j'ai aimé suivre les pas d'Agnès....
jolie conclusion: la vie est maintenant ailleurs....!
bonne journée
ly xx
tres beau texte chère Tanette, l'eternel problème de ceux qui ont changé de region, de pays, toujours dans leurs souvenirs, mais dont la vie est maintenant ailleurs , bonne semaine et grosses bises
RépondreSupprimerLes souvenirs nous hantent
RépondreSupprimerRetourner sur son avant est parfois poignant
Oui tu as raison
Les dures épreuves nous forgent
Et ils nous permettent de relativiser
Bonne semaine
Amicales pensées
j'aime beaucoup cette histoire de nostalgie de l'enfance et des lieux de l'enfance! ça me parle très fort :-)
RépondreSupprimerTon texte m'émeut, je pense à mes beaux parents qui avaient, par nécessité, quitté leur Italie natale et revenaient très chamboulés après chaque retour aux sources.
RépondreSupprimerBisous à vous deux.
Belle histoire. On est souvent nostalgique du passé, et finalement on se rend compte que le présent n'est pas si mal...
RépondreSupprimerBisous
On embellit toujours son enfance et la réalité est souvent plus agréable.
RépondreSupprimerLa boucle est bouclée ! Ce voyage lui aura permis de faire le point avec son passé et elle avancera encore plus sereinement maintenant dans sa vie ! joli texte !
RépondreSupprimerJe n'ose te suggérer une petite sieste .... gros bisous à vous !
Bravo pour ce texte de retour aux sources. j'ai la chance d'avoir encore à portée de voyage ma maison d'enfance mais les changements, arrangements, embellissements successifs n'ont pas la saveur des jeunes années.
RépondreSupprimerMerci, Tanette.
Au moins Agnès aura fait la démarche qui lui aura permis de faire le point sur sa vie et effacé les regrets.
RépondreSupprimerOui, sa vie est ailleurs... et c'est très bien comme ça !
Merci Tanette pour ce joli texte, émouvant et qui sonne si vrai. Bises
RépondreSupprimerUne histoire commune à beaucoup d'Italiens qui ont eu le courage de changer de pays et qui se sont très bien adaptés nous en avons beaucoup dans l'Est rien que dans ma rue il y a 4 famille ! lol
RépondreSupprimergros bisous et bonne semaine
MITOU
Qui n'a pas un rital dans sa famille ! C'est comme ça qu'on les appelait dans mon enfance. Mes neveux ont vraiment le type italien. Ils sont beaux...Ma belle-fille a encore de la famille italienne qui ne parle pas le français. Une fois/an, ils se retrouvent tous..Elle a hérité (ma belle-fille) la cuisine italienne, surtout les pâtes qu'elle fait toujours elle-même..
RépondreSupprimerSouvenirs, souvenirs, quand tu nous tiens. La dernière fois, il y a 6 ans, nous sommes allés pour la dernière fois où nous avions vécu jeunes mariés. La page est maintenant tournée. Mais, que parfois, elle est dure à tourner cette page..Maintenant, va me rester à tourner celle où je suis née...
Bonsoir Tanette, un texte captivant et sombre à la fois. le destin et la fuite d'Agnès et de sa famille me font songer encore plus fort que l'histoire se répète , hélas, bien trop souvent. Passe une superbe soirée !
RépondreSupprimer...bonjour tanette....
RépondreSupprimerPacha est au courant de tout ce qui se passe en dehors...et dans la maison....toujours sur le qui vive prêt à avertir...;)
bonne journée
ly xx
Quel joli texte, plein d'émotions et de sensations.
RépondreSupprimerOh Tanette ! Quel joli texte.
RépondreSupprimerÇa me rappelle quad on participais aux plumes d'Asphodèle...tu te souviens...
¸¸.•*¨*• ☆
...merci Tanette pour tes bon souhaits de fête pour mon blogue...13 années qui sont passées trop vite....
RépondreSupprimerbonne journée
ly xx
Un joli texte émouvant que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire. Le retour aux sources est souvent nécessaire pour les gens déracinés, mais la vision n'est plus la même avec leur yeux d'adulte, ils pourront ainsi continuer leur vie en toute sérénité.
RépondreSupprimerRevenir sur les lieux pétris de beaux souvenirs est toujours à risque. Le temps ne s'est pas arrêté et les choses changent... Sans compter que les regards d'enfant sont bien différents de ceux des adultes.Tout est surdimensionné, amplifié ou non vu. Alors, faut-il le faire ?
RépondreSupprimerTrès belle histoire, tu nous prends avec elle, comme si on y était!
RépondreSupprimer"La boucle est bouclée ! Ce voyage lui aura permis de faire le point avec son passé"
Je suis retournée après presque 60 ans dans la ville et immeuble d'où je suis partie à 15 ans. Presque rien de changée ! Ils m'ont laissée entrer. Même la cafetière dans la cuisine était dans la même place! Et le chauffe-eau de la salle de bain toujours á bois!
Sauf, que ce n'est pas une famille qui habitait la. Le logement est devenu un bureau. Jusque je suis entrée dans "ma chambre' d'enfant et mon coeur s'est arrêtée : un lit étroit en même place où j'avais jadis dormis.
Seulement les Acacias coupées du bord de la rivière. La vie continuait sans moi.