Elle attend...
Au petit déjeuner ce matin l’humeur était joyeuse.
Mes
parents, mon frère et ma sœur allaient
partir pour une semaine dans notre maison de campagne. Tous aimaient aller s’y
ressourcer, surtout en cette période où les premières fleurs et les premiers
rayons de soleil embaumaient et réchauffaient l’atmosphère.
Moi aussi j’aimais
cette maison qui avait appartenu aux parents de mon père, mais j’aimais surtout
tant qu’ils étaient encore là, les odeurs de la bonne cuisine venaient à notre
rencontre au portail de l’entrée, mon grand-père était déjà à mi-chemin et, de
loin, on voyait ma grand-mère qui ne pouvait courir mais piaffait d’impatience
de nous serrer dans ses bras.
De toutes façons, cette année je ne pouvais pas,
j’avais été embauchée, voilà bientôt un
an, par Jacques, l’ami d’enfance de mon
père, j’assurais son secrétariat, je ne pouvais me permettre de demander un
congé en ce moment où l’on croulait sous le travail. (C’était la version
officielle….)
En réalité, lorsque je les ai embrassés et que je leur
ai souhaité une bonne semaine, j’ai eu un pincement au cœur. Aucun d’eux ne se
doutait qu’à leur retour, je ne serais plus là…
En effet, dès que la voiture
eut disparu de ma vue, je me suis précipitée dans ma chambre, tout était en
ordre, la lettre que je leur avais écrite était posée bien en évidence sur mon
lit, j’étais prête, je n’avais plus qu’à prendre ma petite valise et à
descendre l’attendre sur les marches au ras de la rue. Le soleil commençait à
être chaud, j’allais quitter cette maison,
dans laquelle j’étais née, ainsi que tous ceux qui m’avaient choyée et
dorlotée.
Je les ai aimés, je les aime encore et j’ai mal au cœur quand je
pense à la peine que je vais leur faire mais je suis décidée à changer de vie.
Il m’a promis son amour, je l’aime aussi et je lui fais confiance. Il a tout
préparé pour que sa femme et ses enfants ne manquent de rien. Il sait que le
coup sera dur mais que sa femme reprendra vite l’entreprise qu’il lui laisse,
saine et en pleine prospérité.
Elle aimera la diriger et la faire prospérer. Il
a tout laissé en ordre dans cette optique. Moi, il m’emmène en Chine où il a un
pied à terre qui lui était très utile quand il allait visiter sa succursale.
Désormais, c’est d’elle que nous nous occuperons et c’est là-bas que nous nous
installerons. Notre avion part à 13 h, tiens d’ailleurs voilà Jacques, très
ponctuel, comme à son habitude.