William Chadwick
Alors ? Qu’en pensez-vous, vous ne la trouvez pas belle la maison que
j’ai héritée de ma grand’mère ?
Moi, je dois l’avouer, je suis comblée.
Elle m’a toujours plu, même lorsqu’elle était un peu décrépie,
(c’est normal,
j’avais tissé avec elle des liens affectifs),
mais depuis que j’ai fait peindre
sa façade en jaune et ses volets en bleu comme les barrières qui l‘entourent,
j’en suis « raide dingue »…
Certes les couleurs sont belles, il y
a une telle harmonie avec la
végétation alentour au printemps,
quand je regarde le tout se reflétant dans la
mare à l’arrière,
que je crois voir un grand tableau de maître.
Je me plais tellement dans ce petit paradis que je n’en sors que contrainte
et forcée lorsque les courses deviennent obligatoires parce qu’il n’y a plus
rien à manger…
Ici je suis en symbiose avec la nature, elle est ma meilleure voisine,
je m’y ressource à tout instant.
Quand je m’installe pour manger sur ma
terrasse, au soleil s’il fait frais, ou à l’ombre du tilleul s’il fait trop chaud,
je fais partie du paysage,
les parfums des fleurs, les essences des arbres
montent jusqu’à moi,
les oiseaux me donnent un concert privé, certains viennent
jusqu’à mes pieds quêter quelques miettes,
.le chat prend des poses sur la
murette,
mon repas terminé, je n’ai plus qu’à prendre place dans le transat et
à me laisser aller quelques minutes pour savourer ces mille et un petits
bonheurs quotidiens.
Il sera temps tout à l’heure de reprendre mes occupations.
Je ne m’ennuie jamais !
Les jours de pluie ne sont pas tristes ici, les
grandes baies vitrées me permettent d'admirer cette nature que j’aime sous
d’autres couleurs.
Tous les jours je me félicite de n’avoir eu aucune hésitation à quitter la
grand ville,
je ne m‘y plaisais pas.
Quel contraste. !
Finis les
« bouchons » dans lesquels je pestais, ou l’attente de bus ou
tramways
qui étaient si pleins lorsqu’ils arrivaient enfin, que je devais
attendre les suivants.
La solitude ici me sied bien plus que celle de la ville.
Je détestais être entourée d'autant de gens sans pouvoir communiquer avec eux.
S’il
m’arrivait de tenter une conversation, mes propos semblaient souvent tomber
dans le vide…
Mon « Chez moi » se limitait à un petit appartement sans balcon, j’avais l’impression
d’étouffer.
Non vraiment rien, je ne regrette
rien de ma vie citadine.